Dans les forêts européennes, diversité rime avec utilité

24.03.2016  |  News

Lorsque les forêts sont composées de nombreuses espèces d’arbres, elles assurent mieux leurs prestations, par exemple fournir une eau propre, purifier l’air ou stabiliser le sol. C’est ce qu’a démontré une équipe internationale de scientifiques de 29 institutions, dont des chercheurs de l’Institut fédéral de recherches WSL et de l’Université de Berne. Leur étude est une alerte à la perte de diversité dans les forêts européennes. En Suisse, l’évolution va dans le bon sens.

Les arbres fournissent des services aux humains et à la nature: ils filtrent les poussières de l’atmosphère, transforment l’oxyde de carbone en oxygène, protègent le sol de l’érosion, contribuent à garantir l’alimentation en eau potable, et leur bois est utilisé pour la construction ou le chauffage. De nombreuses personnes se rendent en forêt pour se détendre ou pratiquer un sport. Ces services ne peuvent être assurés que par une forêt avec des structures et des essences diverses, alors que de nombreuses forêts européennes ne sont plus constituées que d’une ou de quelques essences.

Dans le cadre du projet UE «FunDivEurope - functional significance of forest biodiversity», les scientifiques ont étudié plus de 200 forêts sous des climats différents dans six pays européens (Finlande, Pologne, Allemagne, Roumanie, Italie et Espagne). Ils ont vérifié les relations entre la diversité des espèces locales et régionales et les prestations de l’écosystème. Les résultats viennent d’être publiés dans les revues scientifiques PNAS et Nature Communications.

Il en ressort que plus les forêts sont riches en essences, plus les services rendus sont grands, et que les massifs forestiers constitués d’une mosaïque de différents peuplements avec différentes essences sont plus efficaces que les forêts homogènes sur de grandes surfaces. «Nos études indiquent que la diversité des essences et des structures est importante pour la nature et la société, non seulement dans un peuplement donné, mais aussi à des échelles spatiales plus grandes», confirme Arthur Gessler du WSL, qui a contribué aux deux publications.

Pas de forêts ne comprenant qu’une essence

Cela confirme qu’une perte de biodiversité dans les forêts européennes porte préjudice aux services rendus à la nature et aux êtres humains. Les chercheurs tirent la sonnette d’alarme devant l’uniformisation des forêts et recommandent de favoriser la diversité des essences. «Heureusement, celle-ci a légèrement augmenté en Europe au cours des dernières années, mais presque un tiers des forêts est encore constitué de monocultures», indique Fons van der Plas, auteur principal des deux études et chercheur au Centre de recherches Senckenberg sur la biodiversité et le climat. «Ces monocultures portent préjudice aux prestations fournies par la nature, et donc au bien-être des humains.»

Une seule essence peut certes avoir quelques avantages, par exemple un bois de haute qualité, explique Fons van der Plas. Toutefois, une grande richesse de prestations forestières, par exemple un milieu naturel pour les oiseaux, un lieu attrayant pour les touristes ou encore la protection des eaux souterraines, ne peut être obtenue que par une forêt diversifiée. Cette diversité peut être très facilement améliorée: «Il n’est pas très difficile en soi de favoriser la dissémination naturelle des graines et la diversité des jeunes arbres, de planter des essences supplémentaires et de varier la composition des essences de grandes zones forestières, mais c’est encore trop rare.»

Des forêts diversifiées en Suisse

En Suisse, cette gestion forestière proche de la nature est pratiquée en de nombreux endroits depuis des décennies. C’est une des principales raisons qui expliquent la diversité des forêts suisses, à côté de la mosaïque à petite échelle de la topographie, des sols et d’autres facteurs locaux, souligne Arthur Gessler. Les résultats de l’étude confirment donc que les forêts en Suisse se développent de manière durable.

Il n’en demeure pas moins important de préserver la diversité de nos forêts et si possible de continuer à l’améliorer. Les instruments présentés dans le Rapport forestier suisse 2015 visent cet objectif: parmi ceux-ci, on peut mentionner la mise en œuvre cohérente d’une exploitation forestière proche de la nature sur toutes les surfaces, ainsi que des mesures supplémentaires comme la mise en place de réserves forestières et d’îlots de bois mort qui offrent des milieux naturels à de nombreux organismes.

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