19.05.2020 | Beate Kittl | News WSL
Les abeilles sauvages sont tout aussi importantes pour la pollinisation des plantes, cultivées ou non, que les abeilles domestiques, fêtées le 20 mai par la Journée mondiale des abeilles. Un quart des espèces d’abeilles sauvages de Suisse trouvent un habitat dans les jardins, parcs et autres espaces verts de la ville de Zurich, comme l’a montré une étude du WSL.
Au moins pour les abeilles sauvages, Zurich n’est ni un enfer de béton ni un désert écologique. On y rencontre 164 des quelque 600 espèces indigènes en Suisse. C’est ce qu’ont découvert les chercheurs David Frey et Marco Moretti de l'Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage WSL et Bertrand Fournier de l’Université Concordia de Montréal, au Canada, en analysant les données de trois grandes études du WSL sur la biodiversité urbaine à Zurich. Les jardins, les parcs, les friches urbaines et les terrasses végétalisées hébergent des groupes d’espèces très différentes.
Les chercheurs ont ainsi pu montrer que, tout du moins pour ces insectes, l’extension des surfaces urbaines n’entraîne pas nécessairement une réduction de la faune à quelques espèces, comme on le craint souvent. En moyenne, ce ne sont pas moins de 25 à 30 espèces d’abeilles sauvages qui bourdonnent dans un jardin particulier ou un jardin familial zurichois. Ces abeilles ne piquent pas et sont inoffensives pour l’homme. « La ville offre des habitats divers et les abeilles sauvages qui y vivent semblent bien adaptées aux conditions », explique David Frey.
Les espaces verts sont irremplaçables ¶
Les scientifiques ont étudié les caractéristiques écologiques propres aux abeilles des villes. Ce sont principalement des espèces capables de tirer de la grande diversité végétale pour se nourrir. Elles sont actives plus tôt dans l’année et sur une période plus longue, et elles occupent souvent des cavités existantes comme celles des « hôtels pour insectes » ou autres nichoirs.
Des communautés d’abeilles très différentes vivent dans les types d’espaces verts urbains étudiés –jardins, parcs, friches et toitures végétalisées. Alors qu’en moyenne 25 espèces d’abeilles sauvages vivent dans les jardins et les friches, il n’y en a que 15 dans les parcs et sur les toitures végétalisées. Les abeilles présentes dans les jardins sont par ailleurs plus exigeantes en matière de qualité de l’habitat, elles sont plus spécialisées. En règle générale, ces spécialistes sont plus menacées par la disparition de leurs habitats que les généralistes et font donc plus souvent l’objet de mesures de protection.
« La ville abrite différentes communautés d’abeilles », conclut David Frey. « On ne peut pas parler d’homogénéisation de ces communautés. » Différentes stratégies écologiques semblent réussir, notamment pour le choix des sites de nidification ou de la nourriture. Les abeilles « coucous », qui pondent leurs œufs dans les nids d’autres espèces, font exception. Ces parasites voleurs de nourriture sont beaucoup plus rares en ville. Dans l’ensemble, ce ne sont pas seulement quelques espèces dominantes qui gagnent du terrain. Cependant, selon David Frey, les résultats démontrent également qu’aucun espace vert ne peut être remplacé par un autre, par exemple des jardins urbains par des terrasses végétalisées. Les chercheurs ont publié leurs travaux dans Journal of Biogeography.
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