29.04.2019 | Beate Kittl | News WSL
Depuis 2012, un chien truffier trouve régulièrement la précieuse truffe blanche dans un parc de la ville de Genève. Des chercheurs de l'Institut fédéral suisse de recherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL) ont examiné et documenté ces champignons. L'espèce pourrait se déplacer vers le nord en raison du changement climatique.
En 2012, le chien truffier Giano a fait une découverte spectaculaire : dans un parc de la ville de Genève, il a déterré une truffe blanche, la première jamais trouvée au nord des Alpes. Cette espèce, aussi appelée truffe du Piémont, est la plus aromatique et la plus convoitée, avec un prix au kilogramme pouvant atteindre 10 000 francs. Une équipe de recherche dirigée par Ulf Büntgen de l'Université de Cambridge et du WSL confirme que les précieux tubercules poussent régulièrement dans ce parc.
Entre octobre 2012 et novembre 2018, Giano y a découvert un total de 15 truffes sous un hêtre. Elles pesaient entre 5 et 50 grammes et appartenaient bien à l'espèce Tuber magnatum Pico, comme l'a révélé l'analyse ADN. Les chercheurs rapportent dans la revue spécialisée Frontiers in Ecology and the Environment les premières preuves scientifiquement vérifiées de la présence de l'espèce au nord des Alpes.
Une croissance possible au nord des Alpes
« Cette découverte prouve qu'aujourd'hui la truffe blanche peut pousser au nord des Alpes et former des fructifications, » explique Simon Egli, du WSL, co-auteur de l'étude et lui-même propriétaire d'un chien truffier. Il s'attend à d'autres découvertes au nord des Alpes. Compte tenu du nombre considérable de « chasseurs de truffes » en Suisse, il était peu probable que l'espèce du nord des Alpes ait pu s’installer il y a longtemps sans se faire remarquer.
Le mystère reste toutefois entier quant à manière dont le cher tubercule est arrivé précisément dans ce parc de la ville de Genève. Une des raisons pourrait être que le hêtre au pied duquel il a été découvert et qui été planté il y a plus de 100 ans provient de l'aire de répartition de la truffe blanche (Piémont, Ombrie ou Balkans). Le champignon était donc peut-être présent pendant des décennies dans le système racinaire, mais n'aurait pu former des fructifications que grâce aux températures actuellement plus clémentes. Le chien Giano, qui a souvent cherché des truffes en Italie, aurait par ailleurs pu transporter les spores dans son appareil digestif et les déposer dans le parc. Une chose est sûre : le site n'a pas été ensemencé artificiellement. « Contrairement à d'autres types de truffes, la truffe blanche n'a jamais pu être cultivée », confirme Simon Egli.
La production de truffes blanches dans les régions d'origine diminue au cours des années particulièrement chaudes. À mesure que les canicules deviennent plus fréquentes, les tubercules sont mis à rude épreuve. On sait que l'aire de répartition de la truffe noire ou truffe du Périgord se déplace vers le nord, ce qui compense les pertes de production dans sa région d'origine. Pour ce qui est de la truffe blanche, son écologie est encore trop mal connue pour évaluer si elle est concernée par le même phénomène.
Contact ¶
Prof. Dr. Ulf Büntgen
Eidg. Forschungsanstalt WSL / University of Cambridge
ulf.buentgen(at)geog.cam.ac.uk
+44 74 83 83 63 07
Liens et documents ¶
Publication originale:
Büntgen et al.: “Truffles on the move”. Front Ecol Environ 2019; doi.org/10.1002/fee.2033
Droits d'auteur ¶
Le WSL et le SLF mettent gratuitement à disposition le matériel iconographique pour l’illustration d’articles de presse liés à ce communiqué. L’importation de ces illustrations dans des bases de données photographiques et la vente à des tiers sont strictement interdites.