Pendant plus d'un millénaire, la population de Suisse méridionale a cultivé et exploité les châtaigniers pour leurs fruits. Depuis les années 1990, les autorités et les institutions du Tessin et des Grisons s'engagent pour restaurer cette forme d'exploitation si caractéristique des paysages au sud des Alpes. Cet effort a été documenté dans un ouvrage de 250 pages, auquel a contribué l'Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage WSL.
Au Tessin, la récolte annuelle des châtaignes a démarré il y a quelques semaines. Jusqu'en novembre, la population ramassera les fruits pour son propre usage ou les apporte à l'un des quatre centres de collecte à Cadenazzo, Stabio, Vezia et Biasca pour les vendre. Ces activités semblent banales, et pourtant il ne va pas de soi qu'elles soient encore être pratiquées aujourd'hui.
Le châtaignier a longtemps été « l'arbre à pain » en Suisse méridionale, au sens propre comme au sens figuré. Des familles et des petites exploitations agricoles entretenaient intensivement les arbres dans des peuplements clairsemés - les selves - afin d'optimiser la production de fruits. Au Tessin, ces cultures traditionnelles, caractéristiques du paysage local, ont atteint leur apogée vers 1750 et couvraient alors plus de 10 000 hectares, avant de décliner progressivement. Après la deuxième guerre mondiale, les selves ont même été complètement abandonnées.
Le renouveau des selves ¶
Dans les années 1980, leur délabrement a fait prendre conscience à la population et aux autorités qu'un patrimoine précieux menaçait de disparaître. L'enjeu concernait non seulement l'empreinte paysagère des selves, mais aussi leur biodiversité, les connaissances botaniques et culturelles ainsi que le patrimoine génétique des plus de 50 variétés de châtaigniers encore connues à ce jour.
Les services forestiers cantonaux, les milieux agricoles, les propriétaires de forêts et les autorités cantonales et communales ont alors lancé de nombreux projets visant à restaurer et exploiter des selves. L'Institut fédéral de recherches WSL a assuré l'accompagnement scientifique de ces projets, notamment par le biais de sa représentation tessinoise à Cadenazzo. Aujourd'hui, on recense 450 hectares de châtaigneraies cultivées en Suisse méridionale, dont une centaine dans les Grisons. Ces habitats essentiels pour la biodiversité hébergent notamment des espèces tributaires de forêts claires, et dont certaines sont menacées d'extinction.
Une documentation exceptionnelle ¶
En collaboration avec le Museo cantonale di storia naturale (MCSN) et le WSL, la société tessinoise d'histoire naturelle (Società Ticinese di Scienze Naturali STSN) a publié un livre en italien qui retrace en 249 pages l'histoire des selves et de leur restauration.
L'ouvrage a été présenté à l'occasion d'une conférence le mardi 19 octobre à Roverdo, dans les Grisons. Il peut être commandé auprès de la STSN.
Liens et documents ¶
Droits d'auteur ¶
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