05.11.2020 | Rédaction: Rahel Künzler | News WSL
Prière de ne pas déranger: après un incendie de forêt, une tempête ou autres perturbations, il vaut mieux ne pas tout nettoyer dans les forêts concernées. C’est ce qu’écrit une équipe de chercheurs dans Nature Communications.
Tempêtes, incendies, scolytes: de nombreuses forêts dans le monde sont de plus en plus touchées par des perturbations naturelles. Il est usuel de nettoyer les conséquences de ces évènements, c’est-à-dire de récolter les arbres endommagés le plus rapidement possible. Les épicéas infestés par les scolytes sont évacués, tout comme les arbres brûlés ou abattus par le vent.
«Cette pratique constitue toutefois une perturbation supplémentaire, avec un impact négatif sur la biodiversité», déclare Simon Thorn, responsable de l’étude et écologue forestier à l’Université Julius Maximilian (JMU) de Würzburg. Lors des opérations de nettoiement, les sols sont soumis à rude épreuve, le bois mort est en grande partie débardé et des structures telles que les systèmes racinaires des arbres déracinés sont éliminées. Simon Thorn recommande donc qu’une certaine proportion de ces zones perturbées soit exclue des interventions humaines.
Quelle superficie forestière ne pas nettoyer? ¶
Les forêts qui ne subissent aucune intervention humaine après une perturbation naturelle appartiennent aux milieux naturels les plus menacés à travers le monde. Ils hébergent des plantes, des oiseaux, des insectes et des champignons spécialisés, qui n’apparaissent que dans les zones perturbées. Jusqu’à présent, aucun chiffre concret n’a été proposé pour la proportion de forêt qui ne devrait pas être nettoyée après des perturbations naturelles afin de promouvoir au maximum cette biodiversité.
Pour combler cette lacune, une équipe internationale, à laquelle participe l’Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL), a analysé les données mondiales sur les perturbations naturelles des forêts. Les scientifiques concluent que si environ 75% d’une forêt perturbée n’est pas nettoyée, 90% de la richesse en espèces y sera préservée. Si la moitié seulement de la surface est laissée à elle-même, environ un quart des espèces sont perdues. «Ces chiffres peuvent servir de guide pour savoir quelle partie des forêts endommagées il faut laisser telle quelle», indique Simon Thorn.
«En Suisse, une remise en question a eu lieu depuis les deux grandes tempêtes Vivian et Lothar et l’incendie de forêt de Loèche en 2003», explique Beat Wermelinger, entomologiste forestier au WSL et co-auteur de l’étude. On prend de plus en plus souvent la décision d'abandonner le bois sur place pour permettre une évolution naturelle de la forêt. Cependant, le danger des scolytes ou les revenus de la vente du bois ne peuvent laisser indifférents les exploitants forestiers. Beat Wermelinger, ainsi que Martin Obrist, zoologue au WSL, ont contribué à l’étude en fournissant des données sur les communautés d’arthropodes dans les zones endommagées par les tempêtes en Suisse.
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